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COLLOQUE *crise financière, emploi, formation, mutations*

Le Samedi 27 juin 2009 le Cercle Ramadier a tenu un COLLOQUE, sur le thème :
*crise financière, emploi, formation, mutations*
Le mot «crise» est maintenant utilisé partout pour masquer, camoufler une mutation philosophique et organique de nos sociétés. Cette crise, qui loin de se terminer, n'en est qu'à son début, a un impact dans le quotidien sur la nature, la création, ou la perte de l’emploi, les salaires, le niveau de vie, les comportements...

La secrétaire générale du Cercle Ramadier présente le déroulement des interventions qui auront lieu au cours de cette journée, ainsi que les personnalités qui l’animeront.

Puis, Jean Le Garrec, président du Cercle, après avoir souligné l’écoute, le suivi des travaux que nous menons, introduit le thème de cette matinée.

Le mot «crise» est un mot utilisé par tout le monde pour masquer, camoufler une mutation de nos sociétés, philosophique et organique, qui a un impact dans le quotidien sur la nature et la création ou la perte de l’emploi.

Quelles leçons tirer de la crise financière ?

«Sans Etat, sans régulation, on bascule dans la déraison.»

Quelles sont les marges de manœuvre et les options des états ? «Le public paie toujours la facture, car il n’y a personne d’autre pour la payer.»

Car la cupidité et l’argent sont rois.

PREMIERE TABLE RONDE :

Crise financière, mutations économiques : nouveau paradigme de l’emploi.

M.François MORIN

Professeur en Sciences Economiques-Université Toulouse1. Membre du Conseil Général de la Banque de France et du Conseil d’analyse économique.

La crise financière qui secoue l’économie mondiale est une crise globale qui remet en cause la pensée économique comme la pensée politique. Il faut regarder la réalité en face. Tout ce qui nous arrive aujourd’hui était déjà inscrit dans les données économiques, la crise était évidente, nous ne savions pas quand elle se produirait mais sa survenue était certaine. Contrairement à ce qu’affirment les médias chaque jour, bien loin de se terminer, cette crise mondiale n’en est qu’à son début. Le pire reste à venir. Nous sommes entrés dans une crise des valeurs plus grave que celle de 1929.

A la veille de la crise financière de 2007, le poids de la sphère financière apparaît totalement démesuré par rapport à la sphère réelle. Sur les marchés monétaires, les transactions concernant l’économie réelle représentent aujourd’hui moins de 3% des échanges interbancaires du monde entier. Le reste des échanges sont des opérations de couverture contre des variations de prix (25% pour se protéger contre les variations de change, 60% pour se protéger des variations des taux d’intérêt, le reste pour s’assurer contre les variations des cours boursiers ou de celles des prix de matières premières).

A l’origine du processus qui nous a conduit à cette situation

- la création de la Société du Mont Pèlerin, à la fin des années 1940,

- en 1971 la première grande libéralisation des taux de change avec la sortie du système de Bretton Woods,

- puis la libéralisation des taux d’intérêts.

Pour faire face aux variations imprévisibles des taux d’intérêts et des taux de change qui ont résulté de cette double libéralisation, une industrie financière de couverture des risques s’est créée. Il convient d’observer que cette activité est par essence une activité spéculative. On développe donc une immense activité spéculative.

Quelques chiffres :

Le PIB mondial (transactions sur biens et services) est aujourd’hui d’environ 44 billions de dollars (soit 44 000 milliards de dollars ou encore 44 téradollars).

La totalité des flux financier au niveau mondial (total des transactions interbancaires) est d’environ 2 millions de milliards de dollars (2 000 téradollars).

On voit donc que l’économie réelle est marginalisée (le PIB mondial ne représentant plus qu’un peu plus de 2 % de l’ensemble). De plus, la majorité des transactions (sur les marchés de change, sur les produits dérivés) sont de plus en plus spéculatives.

La crise actuelle est née aux Etats-Unis de la conjonction d’une bulle immobilière sans précédent et d’un système de prêts qui a transformé l’endettement en ressources financières … jusqu’à l’implosion finale. A l’origine, des prêts à des ménages américains fragilisés voire non solvables (subprimes), puis un retournement du marché immobilier. Les défauts de paiement se sont alors multipliés entraînant la dévalorisation des créances immobilières qui avaient été titrisées entre temps. Cette titrisation a pris des formes complexes mélangeant dans des titres dits « structurés » de bonnes créances avec de moins bonnes. Ont également été créés, en cascades, des titres de titres (titrisation « au carré »), puis des titres « au cube ». Si bien que la « toxicité » de ces titres est très diffuse. Personne ne peut évaluer précisément l’étendue des pertes potentielles (Le FMI les a estimées dernièrement à 1400 milliards de dollars, mais ce chiffre a été régulièrement revu à la hausse).

Comment la finance est-elle « devenue folle » ? Comment penser l’avenir ?

1 - Les scénarios proposés (par le G20, Obama, etc.) pour sortir de la crise sont estimés peu crédibles par nombre d’économistes. Il s’agit, pour l’essentiel, d’introduire de nouvelles règles du jeu concernant l’architecture du système financier international et sa stabilité afin de conforter l’ensemble et non de le transformer. En l’état actuel, le scénario de reconduction du capitalisme financier avec aménagements est probablement le scénario le plus probable, mais on peut se poser légitimement la question de savoir jusqu’à quand. Il n’est pas envisagé de revenir sur la double libéralisation des taux de change et des taux d’intérêt qui sont pourtant bien à l’origine de l’hypertrophie de la sphère financière actuelle et des pratiques spéculatives. On est en train de recréer les conditions de formation d’une nouvelle bulle financée par le crédit. Il est alors fortement probable qu’une nouvelle crise systémique surviendra au moment de l’éclatement de cette nouvelle bulle, avec des effets encore plus ravageurs que ceux de l’actuelle crise.

2 - Certains scénarios éventuels de rupture brutale, comme des guerres, sont plausibles aussi, même si leur probabilité d’occurrence est moins élevée. Toutefois, cette probabilité augmente avec la poursuite d’un cycle de nouvelles bulles qui devraient éclater, dans l’avenir.

Le point de départ est identique au scénario précédent des subprimes, (ou à un cycle ultérieur de ce même scénario), mais avec une explosion sociale violente dans plusieurs pays tenant à la baisse du pouvoir d’achat, et au développement d’un chômage de masse qui se profile. On ne peut exclure que les luttes sociales puissent avoir des effets de contagion à une large échelle.

Il y aurait alors confrontation entre le pouvoir financier, notamment de l’oligopole bancaire, (appuyé le plus souvent par les pouvoirs politiques) et le pouvoir des citoyens. Cela pourrait déboucher sur des dérives de toute sorte, notamment des dérives totalitaires ou bien des replis identitaires exacerbés (de type fasciste), avec de possibles confrontations armées entre pays.

La question qui doit nous interpeller fortement est celle de savoir jusqu’où cette crise emmènera les citoyens de notre planète ; vers un régime économique avec davantage de régulation où les Etats reprendront progressivement la main par rapport à une finance en pleine dérive ? Ou bien, au contraire, vers plus de désordres, de ruptures, avec des conséquences qui pourraient être dramatiques sur un plan politique ? Ou encore, pourquoi pas, vers un sursaut des consciences qui pourraient ouvrir des chemins alternatifs à ceux que nous connaissons actuellement ? L’enjeu est certes de sortir de la crise systémique actuelle, mais aussi et surtout de savoir sur quel monde souhaitable cette sortie devrait déboucher. Nous devons penser globalement, pour agir localement, vivre en citoyen de notre planète, revoir de fond en comble les canons de l’action politique.

 

3 – Un scénario alternatif est envisageable.

- tout d’abord au niveau global, la question fondamentale consiste à apporter une réponse à l’hypertrophie de la sphère financière liée pour l’essentiel à la déréglementation des taux de change et des taux d’intérêts. Nous devons reprendre l’idée d’une « monnaie commune » considérée comme « patrimoine commun de l’humanité ».

- faciliter les intégrations régionales (Amérique Latine, Europe, Afrique, …), par exemple, comme le propose Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie, en mettant à la dispositions des banques régionales de développement des « droits de tirage spéciaux » (les DTS) du FMI.

- mettre en place des « pôles financiers publics » forts dans une perspective de développement durable.

- mettre la question écologique au centre de la future architecture financière et économique, par exemple en « monétarisant » les certificats de carbone et les puits de carbone.

Nous devons rapidement retrouver les fondamentaux de la vie économique en société.

M. Jean-Baptiste de FOUCAULD

Ancien Commissaire au Plan, Membre du Conseil d’administration de Pôle emploi, Président de Solidarités nouvelles face au chômage.

Crise financière-Crise sociale.

Pour construire des projets de société valides, il convient de concilier la résistance, la régulation et l’utopie, ces "trois cultures du développement humain". Il importe en effet de savoir ce que l’on refuse et ce qui est à changer dans le système actuel, puis comment doit se réorganiser la vie collective et avec quelle ligne d’horizon, quelle espérance.

Les schémas prospectifs des années 60 ne se sont pas réalisés. Evolution surprenante : le plus probable est ce qu’on ne prévoit pas …

Le gré à gré ne marche pas. Les marchés financiers doivent être réglementés. Tout a dérapé par défaut de régulation. Nous avons besoin d’institutions mondiales et régionales nouvelles.

Cette crise met à découvert la notion de limite. La finance, la rentabilité, la terre, tout a ses limites. Il faut un travail en profondeur pour organiser tout cela. Les financiers ne s’intéressent pas beaucoup au social, et inversement. La société peut-elle continuer à s’organiser sur la hausse du pouvoir d’achat, comme c’est le cas depuis la fin de la seconde guerre mondiale ? Car dorénavant, il y a peu à distribuer. Pourtant, les standards de vie augmentent.

Il y a un décalage entre les désirs et les moyens de les satisfaire. Demain, il faudra plus de sobriété pour plus de justice, sinon, on arrivera à l’austérité. Nous sommes devant un problème très lourd.

Ainsi, face à la crise de sens provoquée par le chômage, face à la tentation du repli communautaire et de la violence qui en résulte, la question d’une spiritualité démocratique se pose au premier chef dans notre société… Surtout si nous voulons affronter les défis actuels, à commencer par celui de l’exclusion et celui de l’écologie ! Oui, sans être tellement armés pour cela, nous allons devoir travailler désormais sur l’humain, le sens, les questions identitaires, très vite conflictuelles. Tâche immense qui doit s’organiser autour de l’idée d’ "abondance frugale et solidaire". La richesse illimitée pour tous étant un leurre et même une aliénation, cette notion revient à essayer de mettre en relation les richesses matérielles, relationnelles, spirituelles et environnementales. Avec un idéal d’harmonie et d’équilibre...

Actuellement la croissance évolue autour de 0,5 à 1 % contre 4 à 5 % dans les années 60. A cette époque on peut dire que la production était supérieure aux désirs de consommation. Aujourd’hui, c’est l’inverse, la production est bien inférieure aux désirs de consommation et les moyens de les satisfaire ne sont plus là. La redistribution doit être repensée en terme d’invention de formes nouvelles.

La question de la hiérarchisation et de la rationalisation du désir est posée : car le « vivre ensemble » passe par-là.

Et, ne nous voilons pas la face, contrairement aux grandes déclarations de la gauche comme de la droite, la hausse des impôts est une fatalité incontournable, obligatoire, en ces temps de crise.

 

Comment transposer en action le fatalisme ambiant, le désengagement et la crise du leadership ?

Il faudra plus de créativité pour plus de sens, - ou de « centre » ?
Les systèmes de sens n’ont plus le vent en poupe ; églises, laïcité… Les grands systèmes ont perdu leurs capacités de conviction (communisme, chrétienté, même si celle-ci semble plutôt bien tenir) Quid de la franc- maçonnerie ? Le capitalisme valorise l’égoïsme individuel et en fait un facteur de progrès, mais aux dépens du sens. Le sens est désormais à construire par chacun.

S’il y a du travail, il y a un minimum de lien social, un minimum de sens.
Le plein emploi est un droit reconnu dans la Constitution, or il manque plus de 2 millions d’emplois en France…
Que dire de façon simple face au découragement, au manque de confiance, à la déresponsabilisation ? Le chômage n’est pas gratifiant !

 

La question du « modèle français » est posée. Pourquoi réussissons-nous moins bien que d’autres ? Nous ne voulons pas le modèle libéral mais nous baissons les impôts, les charges et la responsabilité individuelle…

Regardons le modèle nordique : Le marché du travail est régulé par des partenaires sociaux peu nombreux mais forts. On négocie tout en même temps, tant les prestations avec des exigences fortes que les obligations qui en découlent. Les impôts directs sont très élevés pour assurer un meilleur partage des richesses.

La France ne fait ni l’un ni l’autre. On ne peut pas « vendre » des baisses d’impôts et un plein emploi de qualité. Il faut au contraire soutenir à fond l’emploi. Cela coûte cher, mais cela doit passer avant les retraites et la santé, car c’est la condition pour que l’on puisse avoir des ressources pour soigner et avoir de bonnes retraites ! Chaque pays est invité à trouver sa voie.

L’utilitarisme a gagné toute la société ; on communique entre nous par Internet, cela contribue à diminuer les hiérarchies sociales, cela génère des contacts. Mais s’agit-il de lien ? Les contacts gratifiants et qui s’avèrent utiles sont privilégiés aux dépens de ce qui lie. Le lien est marchandisé et donc abandonné si non rentable. Abandon du « donner – recevoir », qui fonde le lien. On retire encore aux personnes qui sont dans le besoin. L’abonnement aux différents réseaux (électricité, téléphone, internet…) devrait être donné à tous, financé par une taxe de même nature que la CSG.

Il faudrait casser le mur d’impuissance de la société civile, casser la mise au ban des chômeurs, recréer de l’entraide.

La parole circule.

Le capitalisme est un tigre, une machine puissante, qu’il faut maîtriser. Mais le tigre est devenu enragé, et encore plus dangereux que par le passé.
Le peuple a de moins en moins de contrôle sur l’exécutif et sur les dirigeants.
Enfin, nous devrions faire instaurer une assurance chômage universelle et promouvoir un meilleur emploi, condition nécessaire première, et générer grâce à la relation entre démocratie et spiritualité, une nouvelle alliance.

Pour le rapporteur, en ce qui concerne l’économie (et la finance qui aujourd’hui la domine) il convient de remarquer que de plus en plus de transactions se déroulent de façon totalement opaques et selon les méthodes de gré à gré, et ceci dans des proportions extrêmement importantes. Pour faire court, il est possible d’affirmer que nous ne sommes plus aujourd’hui dans une économie de marché mais dans une économie de gré à gré. Cette façon de procéder permet évidemment à certains de bénéficier de rémunérations, de bonus et de gains en capitaux colossaux. Ceux-là ne veulent bien sûr absolument pas que le système change réellement (ou alors « changer tout pour que rien ne change »).

Il convient également de constater que nous sommes face à un système extraordinaire où les pauvres et les classes moyennes (par les impôts qu’il va bien falloir augmenter pour financer au moins une partie des déficits) vont une nouvelle fois subventionner les riches.

Or, aujourd’hui le scénario le plus probable est celui qui consiste simplement à apporter quelques améliorations au système pour qu’il puisse continuer comme si de rien n’était. Ceci n’est pas une attitude responsable. Cette position va conduire forcément à de nouvelles crises, de plus en plus fortes. Après la crise Mexicaine, la crise Argentine, les crises asiatiques, la crise des caisses d’épargne nord-américaines, la crise de l’économie virtuelle, LTCM, Enron, WorldCom, etc. jusqu’où ceux qui sont censé nous diriger vont-ils aller. Car au bout il y a des gens qui souffrent.

Il est donc urgent, ainsi que le rappelait Pierre Dac, de « penser le changement plutôt que de changer les pansements ». Or les pistes de solutions intelligentes existent et commencent à être connues.

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La parole circule.

Une société libre a besoin des marchés, mais il faut un dosage, une maîtrise. Le capitalisme est un tigre, une machine puissante, qu’il faut maîtriser. Mais le tigre est devenu enragé, et encore plus dangereux que par le passé.
De même que le peuple, nous, n’avons aucun contrôle sur l’exécutif, ni sur nos dirigeants.
Enfin, nous devrions faire instaurer une assurance chômage universelle et promouvoir un meilleur emploi, condition nécessaire première, et générer grâce à la relation entre démocratie et spiritualité, une nouvelle alliance.

 

 

DEUXIEME TABLE RONDE :

Formation tout au long de la vie et Adaptation aux mutations

M. Jacques CHERITEL

Education Nationale. Délégué Académique à la formation continue Intervention : ''Rapports emploi - formation."

Quels sont les constats et et les enjeux ?

Merci pour cette question !!!

Pour essayer d’y répondre, j’ai fait le choix de vous dresser rapidement le panorama de ma carrière.

Il y a presque quarante ans, je suis un fringant et jeune enseignant de gestion dans le 93.

- l’emploi ne peut être que consolidé et à vie. On peut donc concevoir une formation professionnelle initiale adaptée à un rythme ternaire (école, travail et retraite) et dont les acquis sont utilisés toute la vie professionnelle durant ;

- la logique adéquationniste, planificatrice domine ;

- la formation est conçue et mise en oeuvre en dehors du travail lui-même ;

- perçue comme une dépense, la formation n’est, au mieux, qu’une réponse curative ;

- la nouvelle loi va offrir une seconde chance aux non et aux moins qualifiés ;

- pour mon développement personnel, je peux demander à suivre des cours de guitare espagnole ;

- la formation générale est considérée comme inutile pour l’exercice d’un emploi ;

- les certifications professionnelles sont peu nombreuses (quasi monopole de l’Etat, conçues selon une stricte logique de savoirs et accessibles par le seul examen terminal ;

- il n’y a pas ou peu d’alternance. Les rapports (pervers ? inappropriés ? etc) de l’école et de son environnement sont nécessairement polémiques ;

- c’est un marché de l’offre structuré selon la logique verticale des branches professionnelles ;

- le stagiaire est pensé comme un simple réceptacle de la formation dont il bénéficie ;

- on ne conçoit d’apprendre que dans les dispositifs de formation et sur le temps de travail ;

- la formation est perçue comme une dépense ;

- malgré la conception très répandue que la formation des adultes est l’apanage du ministère de l’emploi, le réseau naissant des GRETA, jugé inadapté, se développe aisément grâce à un marché porteur et une faible concurrence .

Quelques quarante années plus tard, et après avoir occupé les fonctions de proviseur, conseiller en formation continue, directeur des études, inspecteur et délégué académique à la formation continue, je constate que :

- la formation, la validation, le bilan et l’orientation sont les seules réponses possibles pour sécuriser les parcours professionnels faits de plus en plus de ruptures, transitions, changements et périodes d’inactivité. La formation professionnelle ne peut plus se concevoir et se déployer autrement que tout au long de la vie ;

- l’adéquation emploi – formation est plus que jamais introuvable mais malgré les constats partagés, la conception libérale prévaut ;

- travail et formation sont de plus en plus étroitement articulés ;

- perçue davantage comme un investissement, les vertus préventives de la formation commencent à être utilisées ;

- les inégalités se creusent et la formation d’adultes n’offre pas une alternative crédible pour obtenir une certification nationale ;

- pour son développement personnel, on ne demande plus à suivre des cours de guitare espagnole ;

- un socle minimum (compétences clés) est considéré comme indispensable pour accéder ou se maintenir dans l’emploi ;

- les certifications pullulent composant un paysage illisible dans lequel la concurrence s’exacerbe et où d’aucuns voudraient niveler la valeur des différentes certifications ;

- l’alternance est devenue omniprésente ;

- c’est devenu un marché de la demande qui se structure de plus en plus horizontalement dans une logique de territoire ;

- il est souhaité que l’individu devienne acteur de sa formation. Il est considéré comme co-producteur (et bientôt seul responsable ?) de son avenir ;

- les apprentissages sont devenus formels, informels ou non formels et reconnus d’égale dignité grâce à la V.A.E. et dans une logique de co-investissement temps de formation et travail peuvent être disjoints ;

- le formation tend à être pensée comme un investissement ;

- la crédibilité de l’Education nationale est toujours questionnée malgré d’importantes avancées (unités capitalisables, CCF, VAE, référentiels,positionnement, modularisation, etc) et voit sa position toujours plus fragilisée.

 

Mme. Anne-Marie CHARRAUD

Rapporteur général, Commission Nationale de Certification Professionnelle. Intervention : ''Professionnalisation des formations, état des lieux français et européen''

 

Mme. Marie-Laure MEYER

Conseillère Régionale Ile de France, Maire Adjoint de Nanterre

Intervention : « Vers un service public régional de la formation ? »

 

 

 

 

 

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