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Vos témoignages

Derrière le burnout, il y a de gros problèmes sociétaux, et les politiques feraient bien de s’interroger. Nous travaillons en psychiatrie sur la dimension préventive du Burnout par la mise en place selon le modèle américain, d’une politique du care dans les établissements de santé ou dans les EHPAD. L’exposition au burnout du personnel intervenant auprès des malades âgés dépend de multiples facteurs, personnels ou liés à l’environnement professionnel. Les tensions sociales, les problématiques systémiques engendrés en particulier par les difficultés du management hospitalier français et son ressenti conduisent à un risque de burnout, dont l’une des illustrations est la monté du risque suicidaire au travail. Qualité de vie au travail, harcèlement et risques psychosociaux sont intimement liés. Des facteurs affectifs comme la souffrance des soignants en écho à la détresse de malades aggravent le risque de burnout. La fatigue de compassion liée à l’engagement humain des personnels travaillant auprès de personnes en souffrance, est limitée par le soutien et le développement d’une empathie satisfaisante. Ce modèle est exploré par l’échelle de Qualité de Vie au Travail (ProQOL. Stamm, B.H. ; 2010) portant sur le risque de Burnout, la compassion satisfaisante, et la fatigue de compassion. Le vécu de harcèlement ajoute une touche de gravité particulière au burnout et ainsi que quelques points d’ordre sociaux démographiques. Dans nos études, publiées dans la presse nationale ces cinq dernières années (Pièces jointes) et l’Open Journal of Psychiatry en 2014, le risque de burnout est lié à des facteurs subjectifs telle la perception négative de la qualité de vie au travail et le sentiment d’être harcelé. Certaines professions, telles les infirmières sont particulièrement exposées, nécessitant de prévenir ces facteurs de risques. Les années de travail s’accumulant et l’absence de mobilité dans les postes pourraient peser sur le risque de burnout.
Dr P. T. Psychiatre et Gériatre.
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TEMOIGNAGE PERSONNEL DU BURN OUT
Le BURN OUT appelé communément syndrome d’épuisement professionnel est devenu une des souffrances du travail en recrudescence ces derniers temps, étant donné que l’offre de travail se faisant de plus en plus rare sur le marché du travail à cause des effets pervers de cette crise complotée par la Finance.
Malheureusement, en France, elle n’est pas reconnue comme une maladie professionnelle. C’est bien dommage pour ceux qui sont touchés par ce nouveau fléau, surtout que cette dernière se rattache souvent à de la pression des chefs ou d’un management par la peur et l’effroi voire et surtout l’harcèlement.
Le BURN OUT est pernicieux et sournois. Avec une période d’incubation latente où la victime ne prend pas conscience des maux ou alertes inconscients voire empiriques avec le temps. J’aime me référer à BEAUDELAIRE où le thème du temps est souvent récurrent et repris comme un vilain ennemi de l’Homme. Le Temps mange la vie.
Les personnes les plus vulnérables sont celles qui ont une conscience professionnelle exemplaire, toujours à la recherche du travail bien accompli, toujours mieux et toujours plus jusqu’à ce jour, où cela ne devient plus possible jusqu’à s’en rendre complètement malade physiquement et psychiquement. Cette grande conscience professionnelle et cette volonté de toujours bien faire, de faire mieux et toujours plus peut conduire à sa propre destruction et mettre en péril son entourage (famille et enfants). Ces personnes victimes de ce nouveau syndrome du travail méritent bien l’estime de la Nation en leur décernant la médaille de mérite du travail. Les effets nocifs de ce mal être au travail sont une bombe à retardement sur la vie personnelle, familiale, sociale et financière de la victime. Cela est à juste titre zappé. Et pour cause, éviter l’indemnisation pécuniaire de ce dommage physique et psychologique enduré par le préposé du travail.
Quand le travail détruit et tue, cela soulève bien des périodes sombres de notre Histoire (esclavage, camps de travail forcé, goulag) pour satisfaire le bien et les super- privilèges d’une minorité tirant profit de cette ressource du travail inépuisable de l’être humain même sous les effets pervers de stress. Révoltée et rebelle sur ce nouveau phénomène, puisque moi même, j’y ai été confrontée. Je connais bien le sujet en long et en large. Ce que je souhaite de tout cœur, c’est d’éviter à toute personne d’y faire face un jour, de connaître cette sale expérience, être une victime à part entière de cette nouvelle maladie professionnelle de notre siècle. C’est pourquoi, je vous apporte mon expérience vécue très difficile de mettre les réels mots de la vraie vie pour qualifier ces divers symptômes. L’origine de ce syndrome provient d’un stress angoissant empirique et destructeur à plus ou moins long terme.
Diverses raisons professionnelles et sociales m’ont amené à contracter ce mal du siècle lié au travail. J’ai passé une année effroyable (du 01/09/2009 au 31/08/2010) sur mon lieu de travail à avoir des maux de ventre, la boule au ventre pendant le temps de travail et à savoir apprécier véritablement les jours de repos à leur juste valeur la peur de commettre l’irréparable :la faute qui me serait fatale (convocation). Je n ‘arrivais pas à me détacher de mes notes et de mon cahier des tâches à effectuer, j’avais certains jours des difficultés de concentration sur les tâches à effectuer car ma chef n’était pas une tendre envers moi. Elle m’a mal traitée, jouait avec moi un petit jeu pervers, diverses humiliations, jusqu’à l’ harcèlement. Un malin plaisir pour ce satané et débile personnage aliénée du travail. Elle jouait un rôle pervers et narcissique. Je ne faisais pas parti du public, plutôt certains de mes collègues que je hais par manque de courage et de lâcheté de n’avoir pas mis fin à ces brimades, mais j’étais sa proie toute entière, corps et âme. Avec le temps, je me demande comment j’ai pu endurer cela sans commettre l’irréparable (suicide sur le lieu de travail ou crime) ou tout simplement tomber par épuisement pendant cette période de management débile et pervers. L’épuisement professionnel s’est révélé quelques mois après cette période. L’alerte imminente de ce mal être en moi fut en date du 7 janvier 2011 un mal de dos aux douleurs lancinantes et localisées me paralysant complètement à ne pas pouvoir aller travailler. Diagnostiqué par mon médecin traitant comme une simple douleur de lumbago suivi de quelques jours de repos. Il faut reconnaître les symptômes lorsque le corps parle pour donner l’alerte. La période de stress traumatique et les traces psychologiques laissées sur ma personne m’ont permis de tenir jusqu’à la nuit du 25 janvier 2011où je suis internée contre mon gré. 2 à 3 jours avant, des signes précurseurs d’une banale dépression, j’étais restée recluse dans mon lit avec l’envie de plus rien faire voire refusant de me présenter un oral de concours. Cela ne me ressemblait pas. Je m’alimentais de moins en moins en éliminant certaines denrées. Voilà, le temps des nuits blanches où le cerveau est en pleine ébullition sur tous les sujets à ne pas trouver le sommeil plusieurs nuits. La nuit est synonyme d’angoisses que je n’arrivais pas m’extirper jusqu’ à la limite de la démence. Mon esprit était déjà ailleurs. Des pensées qui me dépassaient et qui me dépassent encore rien que d’y songer(interrogation sur mes propres origines, interprétation négative de la peinture de Soutine, internée en camp de concentration où je souffrais le martyr les pieds souillés de sang dans la neige et le froid ; par manque de nourriture, les chinois n’avaient pas le choix de consommer des indiens pour survivre ; un monde irréel, imaginaire et inhumain où les sosies fabriqués par les humains sont le mal incarné ) Des idées complètement négatives envahissaient mes nuits à ne pas pouvoir fermer l’œil. Horribles angoisses ! Comme un appel de refuser de vivre dans ce monde et dans notre monde. Je devenais agressive et pour cause de ne pas trouver mon sommeil. Mon mari ne comprenait pas ce qu’il m’arrivait. Il ne me comprenait pas surtout les causes. Sous les yeux de ma petite fille, mon mari décide de m’interner contre mon gré. Grande déchirure pour moi et ma famille. C’est la dure épreuve que je ne souhaite à personne, d’être internée contre gré et de force. Mon mari et ma fille croyaient m’avoir complètement perdu. Imaginez les effets pervers et nocifs des conséquences sur la vie familiale et sociale. J’ai dû ingurgiter contre mon gré selon le protocole un cocktail chimique d’anxiolytiques et neuroleptiques pendant presque plus 2 années. Avec tous les effets pervers chimiques que génèrent ces traitements psychiatriques dont je vous passe l’énumération des effets indésirables (prise de poids, fixité du regard, absence d’expression, manque d’intérêt et de communication, œdème du visage, absence de règles, absence de motivation la peinture et le dessin leitmotiv plaisir réel de vie ; mon hobby fétiche). D’ailleurs, mon aînée de mes filles a souffert de ce manque d’intérêt. Et elle me le reprochait. Je la comprenais. Durant cette période, le moindre stress empoisonnait ma vie et s’accompagnait de maux psychosomatiques (maintes RDV kinésérapeuthes, chiropraticiens, ostéopathes). J’avais perdu complètement confiance en moi. J’avais peur de tout et de rien. Je pleurais pour un rien comme une petite fille qui a besoin de réconfort. Certains collègues avaient le courage de parler et de me dire que j’étais différente. Je ne prenais plus soin de ma personne. Ils avaient connu un rayon de soleil et j’étais devenue par les traitements médicamenteux une autre personne. D’ailleurs, je n’aime pas regarder les photos de cette période. Une reconstruction fait son chemin jour après jour accompagné d’un suivi psychiatrique et psychothérapeutique. Parler et évacuer cette souffrance seront les clés de la guérison. Les mots guérissent les maux. Cela fait du bien, un grand bien de pouvoir parler. Depuis, une nouvelle personnalité renaît plus confiante, plus d’assurance et surtout rebelle. Ce sont seuls les points positifs que je tire de cet accident psychologique et professionnel. J’ai trouvé la force d’affronter et pris conscience de combattre toute humiliation, toute discrimination et tout harcèlement. C’est un combat majeur de ma vie parmi tant d’autres. Dorénavant, je combattrai quelque soit l’endroit toute acte entravant la dignité physique et psychique. C’est intolérable et inhumain cette violence gratuite, ce type de management par la peur et l’effroi. Les agressions verbales ou physiques sont des atteintes graves à la dignité de chaque être humain. Il faut lutter, résister dénoncer contre ces actes au prix de réduire l ‘autre à néant à le détruire psychologiquement en passant par la dépression ou BURN OUT allant parfois jusqu’au suicide.
Le travail n’est pas une partie de plaisir mais de là, à devenir un Enfer…STOP…Il y a des limites à de ne pas dépasser. Le respect de soi commence par soi-même. Se respecter, c’est respecter l’autre. Le manque de respect et de morale de cette satanée société mercantile duale et pro impérialisme fragilise les relations humaines. La loi du plus fort règne dans toute sa splendeur. Elle fragilise et marginalise les plus faibles. Il faut savoir dire NON et STOP et savoir prendre le temps avant de périr. Le lâcher prise est une valeur sure et à privilégier.
Je tenais à faire part de cette expérience, que je ne souhaite à personne, comme véritable prise de conscience. Ce n’est pas un sujet tabou. Il faut en parler même si cela est très difficile. Le fait d’avoir vécu un internement en psychiatrie, à cause du travail, lien social et sociétale est une grande discrimination. Par conséquent, Il faut que la souffrance au travail cesse. Je sais que chaque expérience de BURN OUT est différente d’un être à un autre. Car chaque être est différent. Mais la principale cause est le même : le STRESS qui détruit petit à petit et tue souvent lié à un type de management stupide basé sur la peur (brimades, humiliations, discrimination, harcèlement)
Pour conclure ce témoignage, reconnaître le BURN OUT ou le syndrome professionnel d’épuisement serait un grand Bien Etre au travail contre ce surnois mal etre professionnel du XXIème siècle. Et je finirai par cette citation d’Albert Camus revêche et révoltée : « Tout le malheur des Hommes vient de l’espérance ». J’espère de tout cœur que le BURN OUT soit enfin reconnue comme une maladie professionnelle du XXI ème siècle. Ecrit et vécu par E.B. C
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J'aimerais vous apporter mon temoignage pour les etats generaux sur le burn out. Apres plusieurs mois d'arret maladie pour burn out et un bilan de compétence j'ai decide de quitter l'entreprise pour laquelle je travaillais. Cette entreprise ne pratique pas la rupture conventionnelle. Le medecin n'a pas voulu me declarer inapte car l'entreprise est importante et offrait des possibilités de reclassement. Apres discussion avec les RH on m'a propose de faire un abandon de poste. Apres un burn out il n'est pas facile de commettre volontairement une faute. Comme il n'existait pas d'autres solutions c'est ce que j'ai fait et ca s'est heureusement bien termine pour moi. Je souhaite que le droit du travail oblige l'entreprise à accepter la rupture conventionnelle en cas de burn out. Je vous remercie pour votre attention.
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Je siège dans les instances d'évaluation (Comité National du CNRS) et
suis très inquiète de constater l'inflation des exigences, au nom de
l'excellence scientifique, envers le personnel chercheur et le personnel
technique de la communauté.
AM.A.
Ingénieur CNRS
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Témoignage J’ai été victime d’un Burn-out en 2013, un matin au bureau, je me suis retrouvée dans l’impossibilité de répondre au téléphone, de me servir de mon ordinateur… le lendemain, j’ai évité in-extrémiste une voiture qui m’arrivait en face car je m’étais déportée, volontairement ou non, aujourd’hui encore je ne suis pas capable d’expliquer ce qui s’est passé. J’ai compris à ce moment là que j’étais en réel danger et que tout pouvait m’arriver… J’ai été prise en charge dès le 1er jour par mon médecin traitant qui m’a tout de suite expliqué que je faisais un Burn-out dû à une surcharge et des dysfonctionnements dans mon travail. Du jour au lendemain, je me suis retrouvée, vidée, épuisée. J’ai dormi des semaines entières. Ma santé physique a été aussi ébranlée, plusieurs pathologies, interventions chirurgicales, etc. J’ai pu comprendre après des mois et des mois, que tout cela faisait partie du tableau des pathologies associées au Burn-out.
J’ai pu reprendre mon travail quelques mois en 2014 et puis j’ai fait une rechute médicale fin 2014 et je commence seulement à aller mieux. J’ai, lors de ce second arrêt, en plus de médecins spécialistes été dirigée vers une psychologue du travail car j’ai pris conscience qu’il fallait retracer tous les problèmes rencontrés pour mieux comprendre pourquoi j’en étais arrivée là, mais aussi pour ne pas renouveler mon surinvestissement et ne pas se remettre en danger lors de ma reprise.
Le médecin du travail en collaboration avec mon médecin traitant ont été d’une aide extraordinaire depuis 2013. S’ils n’avaient pas été à mes côtés, je ne sais pas si je serai là aujourd’hui pour témoigner. Ils m’ont comprise et ont tout mis en œuvre pour m’apporter soins et écoutes.
Je souhaiterais par mon témoignage passer le message suivant : les salariés victimes d’un Burn-out se retrouvent seuls et isolés par rapport à leur entourage familial/amical/professionnel qui parfois ne comprend pas ce qui leur arrive par méconnaissance.
En l’occurrence dans mon cas, aux yeux de mon entourage, j’ai depuis ma plus tendre enfance été portée par l’énergie, l’implication et la bonne humeur : en résumé, la personne serviable et disponible sur laquelle tout le monde pouvait compter… Ce tempérament était aussi le même dans mon investissement avec mon équipe au travail.
Du jour au lendemain, j’étais épuisée, je n’avais plus aucune énergie, ni ressource pour m’occuper de simples tâches ménagères, mentalement la mémoire me faisait défaut au quotidien. Mon entourage familial était très inquiet, il ne savait pas comment m’aider, il était partagé entre « me secouer » pour me faire réagir et « me protéger de tout » car j’étais complètement recroquevillée sur moi-même. Cette période m’a touchée profondément ainsi que mes proches. J’ai eu la chance d’avoir un cercle amical qui est venu en renfort et qui se bat à mes côtés pour me faire revivre… Je suis consciente aujourd’hui du chemin parcouru avec l’aide des médecins et de mes proches, je suis aussi consciente que tout le monde n’a peut-être pas l’opportunité d’être soutenue. Je pense avec le recul et le vécu qui est le mien, que la prise en charge médicale est primordiale car elle est la première clé de la compréhension de ce qui nous arrive. Dans mon cas, j’avais comme beaucoup entendu parler du Burn out, sans pour autant savoir réellement à quoi cela correspondait, je n’en connaissais pas les symptômes, ni les signes précurseurs… d’ailleurs dans les semaines qui ont précédé mon Burn out, je passais mon temps à courir après le temps pour arriver à faire mon travail. C’était devenu une obsession 24/7, mon entourage constatait une fatigue grandissante, moi aussi, mais je leur disais, ça va aller… Un des soucis majeurs des personnes qui font un Burn out, c’est qu’elles sont incapables de réagir et d’analyser l’état dans lequel elles sont réellement.
Je pense que si on faisait de la prévention dans les entreprises, en expliquant les symptômes et les conséquences du Burn-out, les gens seraient plus en alerte dans leur entreprise mais aussi dans leur entourage. Cela permettrait peut-être de stopper les personnes avant d’arriver au Burn out. Le Burn out est grave pour l’individu, a des conséquences énormes sur son état de santé et malheureusement pour beaucoup sur sa VIE. La mort est malheureusement l’ultime sortie pour certains de cet épuisement, il faut que chacun et chacune dans notre société prenne conscience que cela peut toucher leur entourage et que tous dans nos univers professionnels pouvons être concernés, tous les métiers sont concernés.
Personne n’est à l’abri d’un Burn-out et surtout pas ceux qui pensent que cela ne peut pas leur arrivé… La volonté, le courage, la conscience professionnelle et les efforts ne suffisent pas à nous mettre à l’abri d’un Burn out.
Il faut absolument que le Burn out professionnel soit reconnu comme Maladie professionnelle. Effectivement, à partir du moment où il y aura une reconnaissance comme maladie professionnelle, la prévention se mettra en marche… ainsi que sa prise en charge…
J’aimerai soumettre une proposition pour la prévention dans les entreprises : la création d’un cercle d’écoute dans l’entreprise composé de salariés volontaires à disposition des salariés qui le souhaiteraient pour les écouter et échanger de leur mal être ou souffrance au travail dans le respect des principes d’anonymat et des règles de confidentialité.
Ce cercle d’écoute « des risques psychosociaux » pourrait être un relai dans l’entreprise. Dans les rapports RSE de nos entreprises, nous parlons d’employeurs responsables et des actions à mettre en œuvre pour la prévention de la santé au travail.
Ce cercle d’écoute permettrait d’alerter les instances du CHST, les représentants du personnel et les médecins du travail de la souffrance dans l’entreprise. Les salariés qui éprouvent des difficultés pour faire face à leur charge de travail n’osent pas forcément aller vers les instances du personnel car ils ne savent pas forcément quelle demande formulée auprès d’eux. Ils se sentent souvent coupables de ne pas faire face à leur travail pour différentes raisons : surcharge, problèmes d’organisation, de dysfonctionnement qui éventuellement mettent en cause des collègues et /ou eux-mêmes. Cette culpabilité interdit souvent de crier au secours !!!
Un cercle d’écoute neutre serait une cellule d’alerte qui pourrait proposer une première aide en incitant à aller consulter un médecin ou de relayer une difficulté vers les instances de manière anonyme s’il le souhaite. Si le salarié est déjà en grande souffrance l’inciter à prendre rendez-vous rapidement chez son médecin, car le médecin est la 1ère aide indispensable qui en fonction de l’évaluation des symptômes prendra en charge le salarié.
Seul un médecin peut réellement évaluer le degré de gravité de la santé du salarié. Car il s’agit bien de santé, d’une maladie avec un ensemble de pathologies aussi différentes et graves pour certaines d’entre elles.
Merci à Technologia de son investissement et de son combat pour la prévention des risques professionnels et au Cercle Ramadier pour l’organisation des Etats Généraux sur le Burn-out.
Ces états généraux m’ont permis de comprendre définitivement que les deux années de déséquilibre et de questionnement qui viennent de s’écouler pour moi, avaient aussi été vécues par d’autres salariés. J’espère que la culpabilité qui était mienne va finir par complètement s’estomper.
Tous ensembles, il faut en parler, prévenir afin que les salariés ne vivent pas ce cauchemar, cet épuisement qui nous détruit au plus profond de nous-mêmes. Après un Burn-out, nous ne serons plus jamais les mêmes, notre regard sur l’entreprise a changé et le souhait de pouvoir tourner la page est grand, il faut juste nous donner la chance de réintégrer notre milieu professionnel dans les meilleures conditions. Sylvie, Ingénieur de Production, 48 ans
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Tout d'abord MERCI d'avoir organisé ces états généraux du Burn out, c'était tellement necessaire!
Merci pour votre soutien et votre prompte réponse qui vient me conforter dans l'idée que j'avais de vous : des personnes bienveillantes.
Si je peux vous aider en quelques manières, n'hésitez pas une seule seconde à faire appel à moi.
Je suis prête pour la bataille que nous mènerons ensemble.
Lors de cette soirée, vous avez évoqué l'isolement des individus qui souffrent dans leur coin et grace à ces états généraux vous avez su briser cet isolement. Personnellement, je me suis sentie beaucoup moins seule. Car à vrai dire ce qui fait souffrir est essentiellement cette mise à l'écart, ce mépris, ce rejet de la part de personnes qui preferent ne rien reconnaitre plutot que de passer à la caisse!
Hier soir, je n'ai pas souhaité m'exprimer car je ne voulais pas être le ènième témoignage de souffrance. Je vous ai laissé toutefois mon dossier (factuel) pour que vous puissiez vous en servir.
Je prends ce moment aujourd'hui pour vous apporter mon témoignage car c'est ensemble que nous pourrons avancer. Nous sommes chacun le petit colibri de Pierre Rabhi, nous pouvons tous contribuer à cette bataille, en agissant, quelque soit cette action. On peut tendre une main, écouter, comprendre l'autre...c'est important, et c'est déjà de l'action. L'important c'est d'agir!
Témoignage :
Pendant 22 ans j'ai été cadre dans une grande entreprise. J'adorai mon travail et je crois vous dire que je l'aime encore. Mais il y a dix ans les conditions d'exercice de ma fonction se sont dégradées. J'ai subi tout ce qu'on peut imaginer comme étant le pire : harcèlement moral d'un collègue jaloux, humiliation d'un directeur en public, surchage de travail avec un surinvestissement psychique et de temps (pas de pause déjeuner, 15h de travail par jour avec un manager qui n'en faisait que 8, permanences le week end), et enfin mise au placard (on ne me donnait plus rien à faire, que des taches subalternes...). Tout cela a duré 10 ans!!! Le 13 décembre 2012, je décide de quitter mon lieu de travail alors que l'on cherche à me mettre à terre lors de mon évaluation annuelle. Le manager me dit que ma performance est catastrophique. Je suis donc partie ce soir là et ne suis jamais revenue travailler.
Mon medecin traitant qui me connait bien et qui a repertorié toute la clinique des symptomes que j'ai developpés depuis toutes ces années pose alors un diagnostic sans appel : je fais un burn out. Il note sur une feuille d'accident de travail : "Burn out / stress professionnel". Puis il me demande de faire une reconnaissance de maladie professionnelle.
Depuis plus de deux ans maintenant, je me bats pour faire reconnaitre ce qui m'est arrivé. Je suis passée devant la Commission de recours amiable et même le TCI de Paris (je vous ai fait une copie de leurs conclusions). Mais rien n'y fait...alors je continue, j'épuise toutes les voies de recours. Pour moi qui suis une personne engagée il n'est pas d'autre moyen que d'agir de la sorte.
En juillet 2014, j'ai été déclarée inapte à tous postes dans l'entreprise. Depuis lors, j'attends mon licenciement. C'est un peu comme attendre de mourir par longue maladie. L'acharnement de mon employeur est sans limites. J'ai comme l'impression d'être un animal en laisse.
D'ailleurs, ce qui a été très difficile à vivre, c'est de recevoir un procès verbal de mon manager qui me décrit comme un monstre, une personne violente dans ses gestes et ses paroles, une personne responsable de la détresse de l'équipe...
Ce qui n'a pas été débattu hier soir, surement par manque de temps, ce sont les dommages collatéraux du Burn out, je veux parler de toute la souffrance vécue par les enfants, le conjoint, la famille, les amis. Cette souffrance là, on la méprise aussi. Si cela n'avait pas été pour mon mari, j'aurai définitivement mis fin à mes jours. C'est mon conjoint qui a tout porté sur ses épaules, qui a tout géré, y compris ses propres angoisses. je lui dois la vie car sans lui je serai morte. Mes enfants aussi ont souffert. Mon fils ainé agé de 17 ans à l'époque devait passer son bac. J'ai lu le début de son témoignage écrit pour l'audience du TCI (je n'ai pas pu lire la fin, c'était trop souffrant pour moi). Il dit que le jour de son anniversaire (le 13 décembre 2012) il voit rentrer une mère qu'il ne reconnait plus. Une femme démolie par le travail. Depuis il a peur de vivre la même chose et il cherche des solutions pour réinventer le travail.
Mes plus jeunes enfants m'ont aussi posé beaucoup de questions :
"Pourquoi tu pleures maman?" me dit ma fille de 6 ans
"Je pleure à cause mon travail, parce qu'ils sont méchants avec moi"
Ma fille part alors ... presque impuissante puis revient 5 minutes après en disant :
"Maman je sais ce que tu dois faire!"
"ah oui ma chérie qu'est ce que je dois faire?"
"Change de travail maman!"
C'est elle qui a raison mais à ce moment précis de ma vie je ne suis capable de rien, même de penser. J'ai juste envie de partir, loin, très loin.
J'aimerai finir mon propos sur une note positive. Lorsque j'explique ce qui m'est arrivé, je dis souvent : "Avant j'étais un morceau de bois, puis on y a mis le feu, il est devenu charbon. Je ne serai plus jamais un morceau de bois mais grâce au charbon on peut faire un feu."
Il y a un après burn out, une renaissance est possible. J'y travaille, tous les jours de ma vie. Aujourd'hui je veux revenir à mes vraies valeurs, je veux avoir une activité qui ait du sens. C'est pourquoi je suis depuis plus d'un an bénévole au sein d'une association et j'accompagne des personnes placées en hébergement d'urgence à retrouver un emploi ou une activité. C'est tellement merveilleux de contribuer à l'amélioration de vies et de le faire gracieusement. Tout ce que je reçois en retour c'est la gratitude des personnes que je "sauve". Cela n'a pas de prix pour moi. Et tout cela participe à ma reconstruction.
J'aimerai donner un message d'espoir. Le chemin est long et très pénible mais en fin de compte je peux dire aujourd'hui que mon burn out m'a sauvé! J'ai enfin retrouvé mon moi et je peux enfin être alignée avec mes valeurs.
Voilà mon témoignage. Je vous en fais cadeau. J'espère qu'il pourra apporter une lumière à ceux qui en ont besoin.
Je suis même prête à témoigner devant les médias si nécessaire.
J'espère que nous pourrons nous revoir très vite.
Bien à vous,
E. D. M.
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Agé de 49 ans et travaillant depuis 29 ans dans une important entreprise agro-alimentaire du Pas-de-Calais, j'ai occupé un poste de biochimiste en laboratoire pendant 15 ans, puis formateur interne pendant 10 ans, puis Responsable des Activité Sociales et Culturelles (ASC) du CE de l'entreprise depuis 4 ans.
Le fait de mener à bien mes missions de travail m'a valu une reconnaissance de mon employeur, puisqu'en 2002, j'ai été nommé Agent de Maîtrise.
En parallèle des différents postes de travail occupés, je me suis investi dans la représentation et la défense des salariés depuis plus de 20 ans.
En effet, adhérant au syndicat majoritaire depuis 25 ans, je milite à la CFDT depuis 20 ans, jusqu'à en devenir Délégué Syndical Central (DSC), il y a moins de 10 ans.
Ce poste de Responsable des ASC du CE, que je consirérais comme un aboutissement s'est transformé en calvaire, du fait de changements de Directions.
Le dialogue social s'est durci, jusqu'au refus, de la part de la nouvelle Direction, de respecter certains accords et règlementation du travail.
Le fait de vouloir obtenir ce respect nous a conduit à être diabolisés, voire personnellement discrédités, ces dernières années.
Je ne vous citerai que quelques exemples factuels vécus:
-Non-respect d'un accord de salaires prévoyant une négociation en 2009,
-Cabales organisées par la Direction avant chaque élection,
-Volonté de la Direction de m'exclure des négociations d'entreprise en 2010,
-Non-versement du budget de fonctionnement du CE, nous obligeant à nous tourner vers la justice et se voir diabolisés,
-Modification d'un tract de la part de la Direction, afin de lui donner un caractère antisémite en 2012, avant de l'adresser à la Fédération Chimie Energie CFDT, dont je suis DSC dans l'entreprise,
-Changements d'orientation des bilans financiers, afin de réduire ou priver les salariés de primes d'intéressement en 2013,
-Recherche de l'incident systématique pour rendre le dialogue social impossible,
-Mise en place et facilitations d'autres organisations syndicales, afin de casser le rapport de force dans l'entreprise.
Voila pour la partie concernant les relations sociales dans l'entreprise.
La situation s'est encore tendue d'avantage quand mon employeur a tenté de mèler la fonction syndicale à mon travail de Responsable des ASC du CE.
Cette confusion et ce manque de discernement de la part de mon employeur s'est traduit par certaines actions hostiles comme:
-Tentative de me faire porter la responsabilité d'une intoxication alimentaire dans l'entreprise,
-Mise en danger des salariés dont j'avais la responsabilité (restauration) en refusant les remplacements ou embauches nécessaires,
-Refus de me détacher, malgré une ré-élection en 2013 et un vote du CE pour me reconduire Responsable des ASC du CE,
-Appel pendant mes congés pour me proposer un autre poste que celui pour lequel j'ai été ré-élu,
-Les difficultés causées au quotidien dans la gestion du service (sous-effectif, tensions, dangers...) me conduisaient à des dépassements réguliers d'horaires (plus de 10h par jour..),
-La non-possibilité de récupérer mes heures travaillées, sans décompte des heures supplémentaires,
-Rappel pendant les congés, sans possibilité de récupérer les jours de CP perdus ou non-pris,
-Le travail qui s'invite à domicile tard le soir, le week-end ou pendant les congés via le téléphone professionnel, malgré la connaissance de la part de la Direction des CP posés,
-Dévalorisation systématique du travail et des efforts faits pour le bon fonctionnement du service,
-Non-reconnaissance du travail fourni et recherche systématique des reproches en public,
-Refus de la part de la Direction d'apporter de l'aide pour gérer correctement les équipes, afin que les sitations se dégradent, pour mieux me repprocher une mauvaise gestion.
Mon investissement dans les fonctions syndicales, comme dans le travail aux différants postes me vaut une reconnaissance d'une grande majorité des salariés, mais beaucoup d'hostilité de la part de cette nouvelle Direction.
Je supporte plustôt bien l'adversité, mais les méthodes déloyales de mon employeur me font rentrer en résistance depuis plusieurs années, et me procurent un stress permanent.
Voila pour les évènements de ces dernières années au travail.
J'ai vécu l'enfer de par la volonté de la nouvelle Direction.
J'étais en résistance depuis quelques années, jusqu'au 2 septembre 2014, date à laquelle je me suis éffondré dans l'entreprise, suite à une réunion du Comité d'Etablissement.
Ce jour là, lors de cette réunion du CE, nous décidons d'arrêter toute poursuite devant les tribunaux, pour non-versement du budget de 0.2% de fonctionnement du CE.
Notre employeur s'engage à verser ce budget de fonctionnement du CE à l'avenir, à ne pas baisser celui des ASC et, entre autre, à détacher son responsable pour en assurer la gestion, en l'occurrence, moi-même, puisque ré-élu 10 mois plus tôt.
Nous pensions avoir "enterré la hache de guerre" et étions satisfaits de cet accord.
C'était sans compter sur la haine et l'acharnement de certains membres de la Direction envers moi, car après cette réunion, au moment de se quitter et de serrer la main du DRH de l'époque, ce dernier me demande de me rendre le lendemain à un rendez-vous avec le Responsable du Service Qualité de l'entreprise, pour mon repositionnement sur un autre poste.
Le choc émotionnel que j'ai ressenti à ce moment là m'a provoqué de fortes douleurs dans la poitrine, jusqu'à me retrouver sans force sur le sol de l'infirmerie de l'entreprise.
Les secours internes sont intervenus, puis le SMUR d'Armentières, puis les pompiers extérieurs, qui m'ont conduit aux urgences de l'Hôpital d'Hazebrouck.
Les médecins du SMUR, comme ceux des urgences ont conclu à un BURN-OUT d'origine professionnelle.
Ensuite, j'ai fait les démarches pour que cet éffondrement soit reconnu en Accident du Travail.
La CPAM de Flandres a refusé la reconnaissance en Accident du Travail et me considère en Maladie depuis plus de 6 mois.
J'ai demandé une révision de cette décision à la commissions de recours amiable de cette même CPAM.
Sans réponse à ce jour, je vais m'orienter vers le Tribunal des Affaires des la Sécurité Sociale (TASS).
Cela représente encore un obstacle, des difficultés et du temps, alors que mon état de santé est déja bien déterioré.
Mon interprétation est la suivante:
-Je creuse le trou de la Sécurité Sociale depuis 6 mois à cause de la malveillance de mon employeur,
-J'ai parfois le sentiment d'être coupable, alors que j'ai été victime d'un Accident du Travail,
-Une reconnaissance du BURN-OUT en Accident du Travail dans ce cas, ou en Maladie Professionnelle, pourrait freiner les ardeurs et pratiques des employeurs indélicats envers leurs salariés.
-Je suis également conscient que les pratiques managériales recentes ont changé les relations dans les entreprises et que certaines se voient contraintes à s'adapter.
Il faut cependant faire preuve de discernement, car toutes les modes ne sont pas bonnes à suivre, surtout quand elles ne sont pas économiquement obligatoires.
Si des personnes peuvent m'apporter leur aide et leur soutien dans ces démarches, je leur en serai infiniment reconnaissant.
Je ressens aujourd'hui un grand sentiment d'injustice, voire de culpabilité.
Pour mon employeur, c'est un grand sentiment d'impunité qu'il peut, quant à lui, ressentir et peut donc continuer tranquillement.
Si mon cas n'est pas unique, j'aimerai qu'il puisse servir à d'autres, afin que la santé au travail et l'intégrité des salariés soient de mieux en mieux préservées.
Je vous remercie de votre attention, ainsi que pour l'aide que vous pouvez m'apporter dans mes démarches.
F.C.
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Au jour d'aujourd'hui, je me retrouve dans un situation financière extrême : je vis seule et en tant que profession indépendante, je ne perçois aucune indemnité de chômage je suis dans l'incapacité de reprendre une activité d'officine et la moindre évocation de ces évènements provoque chez moi un stress énorme et une somatisation immédiate( brûlures d'estomac et acidité ressentie dans la bouche, le nez et les yeux, mal de dos, problèmes de sommeil, perte d'appétit, palpitations et perte de cheveux récurrentes, ces mêmes symptômes ressentis depuis le début du conflit avec mon associé réapparaissent dès l'évocation de ce passé encore douloureux) ; il m'est donc très difficile d'être confrontée de nouveau à toute cette problématique, j'ai mis plus de trois semaines à rédiger ces documents et ai du me ménager des plages de repos pour pouvoir poursuivre chaque jour. J'en ai même perdu l'envie de sculpter depuis un mois, bien que cette activité m'aide énormément depuis 2 ans et demi.
Je souhaitais préciser que devant l'incompréhension des médecins français, j'ai pu obtenir un rendez-vous avec le Docteur Patrick Mesters, directeur de l'Institut Européen d'Intervention et de Recherche sur le Burn Out à Bruxelles le 4 février dernier. Celui-ci a, par courrier, bien confirmé le diagnostic du syndrome d'épuisement professionnel, mais malheureusement et contre toute attente, son intervention n'a pas permis de modifier le point de vue des praticiens qui m'ont reçu dans le cadre des expertises médicales. O. I.
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L’infirmière de santé au travail une richesse souvent méconnue au sein de l’entreprise
Les infirmières exerçant en santé au travail sont soumises aux mêmes règles d’exercices éthiques et déontologiques que toutes infirmières. L’infirmière est présente sur le site des salariés autant que les directives laisseront cette possibilité. Elle agit par son rôle délégué et son rôle propre.
Le rôle de l’infirmière qui reçoit et prend soin du salarié en souffrance :
Formées aux Risques Professionnels et aux données cliniques infirmières du travail, l’infirmière est capable d’accueillir, de repérer la souffrance du salarié et d’évaluer et quantifier les niveaux de gravité orientant son intervention.
Au sein de l’entreprise, elle est accessible facilement. Elle sait prendre soin du salarié et mettre en place la prise en charge nécessaire. L’infirmière assure et coordonne un suivi du projet de soin consenti avec le salarié à court, moyen et long terme.
Elle acquiert des compétences spécifiques au travail en secteur tertiaire et des capacités d'écoute d'accompagnement et de techniques indispensables à la gestion des situations de crise rencontrées dans la vie professionnelle.
Personnellement avec 35ans d’exercice et une formation de thérapeute comportementale et cognitive, j’interviens rapidement pour éviter au salarié de sombrer et d’aggraver son état de souffrance méconnue de lui.
L’infirmière ne travaille pas seule mais au sein d’une équipe pluridisciplinaire. Elle rapporte au Médecin du Travail. Elle reçoit les signalements des salariés, de l’assistantes sociale, des secouristes avec toute la discrétion qui s’impose. Elle dispose de moyens d’agir qu’elle actualise régulièrement avec accord avec son employeur et/ou son médecin.
Elle rédige des rapports d’interventions, et rend compte de son activité.
Elle participe de près ou de loin à toutes les actions de prévention dans l’entreprise.
Selon le mode relationnel dans l’entreprise, elle peut être amenée à communiquer sur son activité lors du Rapport Annuel du médecin du travail, lors des visites de locaux, lors des réunions de CHSCT, lors des études (AT-MP) ou toutes réunions ayant trait avec son activité.
Ne pas attendre : adresser à l’infirmière de santé au travail
Mon questionnement est :
Comment se fait-il que les membres du CHSCT ne s’informent pas systématiquement de l’activité de l’infirmière qui représente une richesse inestimée au bénéfice des salariés Ou est la pluridisplinarité ? il y a de la place pour tout le monde pour œuvrer dans ce domaine.
Pourrait –on être vigilent lors des aménagements du codes du travail de s’assurer que la présence infirmière sur le lieu du travail représente certes un centre de cout pour l’employeur, mais surtout : un gain pour la Sécurité sociale car en détectant la souffrance au plus tôt , la durée de l’arrêt maladie est moindre, la prise de médicament est moindre, une prise en charge des soins immédiats aux frais de l’employeur….. un accès aux soins pour tous sur place sans attendre l’aggravation un soulagement précoce avant que la situation prenne des dimensions dramatiques l’accès aux thérapies alternatives (psychologues, …) est un plus, la guérison est plus rapide (<3mois si bien suivi) se fait par un meilleur accompagnement avant de passer en Etat de Pathologie liée aux conditions de travail. Un soutien : nous savons que les démarches de dossiers de maladies sont pénibles pour le salarié.
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-Avant mon Burn-Out, j'occupais des fonctions d'interlocuteur social dans mon entreprise (Délégué Syndical Central de l'organisation majoritaire dans l'entreprise et Responsable de la gestion des Activités Sociales et Culturelles du CE, dont je suis également élu).
-Les causes de ce Burn-Out sont professionnelles.
-Je me suis effondré sur le lieu et temps de travail.
-J'ai demandé que l'accident de travail soit reconnu.
-La CPAM n'accepte pas cet accident de travail et me considère malade.
-Les démarches pour que l'accident de travail soit reconnu sont lentes, individuelles et ressemblent au parcourt du combattant.
-Actuellement, je creuse le trou de la Sécurité Sociale et cela me semble inapproprié.
-Mon employeur serait réellement beaucoup plus attentif à l'intégrité morale des salariés, s'il était pénalisé par le taux de cotisation lié aux Accident du travail, ou si le Burn-Out était reconnu en maladie professionnelle.
-Je souhaite expliquer le cheminement entre le fait d'être victime d'accident du travail et celui de se sentir coupable d'être malade.
-Je suis actuellement suivi et connais des hauts et des bas, mais ma volonté est d'en sortir.
-Mon entourage familial et amical est exemplaire et sans faille, ce qui n'est pas le cas de mon entourage professionnel.
Les initiatives entreprises dernièrement par certains médecins du travail, certains députés et certains acteurs sociaux sont une première étape qui, je l'espère, évoluera favorablement.
C'est dans cet état d'esprit que je souhaite amener ma pierre à l'édifice par ce témoignage. F. C.
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GDF SUEZ : Beaucoup de salariés en burn out dans notre groupe mais les médecins ne le notifient pas dans les arrêts. Tant, que l'employeur n'a pas d'écrits médicaux le problème n existe pas. Les représentants syndicaux sont démunis. Représentante CFDT
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Questions PORTANT SUR LA GESTION DE L'APRES BURN OUT.....
-Que fait-on pour aider les personnes victimes de burn-out pour se reconvertir si elles ne sont plus capables d'assumer leur poste antérieur?
- Dans quelles conditions partir de leur entreprise?
- Que doit mettre en place leur entreprise pour les aider à faire face ou tourner la page?
- Si pas de possibilités de reclassement, comment négocier son départ?
- dans l'éventualité où la personne ne parvient plus à avancer, quelles solutions s'offrent à elles?
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Ce témoignage que je livre ici est un petit résumé des faits que j'ai commencé à subir depuis plusieurs années et que je continue de subir actuellement. Si je dois tout écrire il me faudrait des dizaines de pages car j'ai tellement de choses à dire.
J'étais élu DP et élu au CHSCT jusqu'en décembre 2010 puis un simple représentant syndical.Ma descente aux enfers a commencé en Avril 2010 et cela n'a fait que s'aggraver avec le temps à tel point que je suis en arrêt de travail depuis 02/10/2014, suite à une altercation avec ma responsable hiérarchique.Mon médecin traitant a diagnostiqué un "choc psychologique résultant d'un entretien conflictuel avec sa responsable directe ayant entrainé un malaise avec chute et perte de connaissance... syndrome dépressif réactionnel". Durant mes 19 années de syndicalisme, j'ai fait plusieurs interventions auprès de la direction de mon unité "METRO"Notamment de cas graves de tentatives de suicide, harcèlements moraux, maltraitances des salariés, discriminations, atteinte à la dignité des femmes africaines et magrébines, atteintes à la dignité des femmes enceintes, atteinte à la dignité des salariés ayant des maladies graves...et je peux continuer à citer encore d'autres cas.Un jour de février 2010, une salariée a fait une tentative de suicide à son domicile suite à des problèmes de harcèlement moral sur son lieu de travail par ses supérieurs hiérarchiques pendant plusieurs années. Je lui ai porté secours en appelant les pompiers. Sa vie a été sauvée de justesse par ces derniers et par les services des urgences de l'hôpital. En avril 2010, lors d'une réunion des DP, j'ai informé le chef d'établissement de cet incident grave ainsi que des problèmes qui perduraient depuis plusieurs mois et particulièrement depuis l'arrivée d'une nouvelle cadre responsable de secteur. Malheureusement, le directeur d'établissement n'a pas voulu reconnaitre qu'il y avait (il y a toujours) de gros soucis de management et des mauvaises conditions de travail sur son unité.Le fait d’avoir été témoin de tous ces cas que j'ai cité précédemment et pour me faire taire, il m'a menacé physiquement et il a voulu me donner un coup de tête. Une collègue DP présente à mes cotés à ce moment là m'a poussé pour éviter que je reçois ce coup de tête.Les autres organisations syndicales ont fait également des interventions auprès de la direction concernant les problèmes de conditions de travail et sur les méthodes de management de cette nouvelle responsable mais la direction est restée sourde. Le CHSCT a été alerté de cette situation, lors d'une réunion extraordinaire, les élus de cette instance ont voté pour une demande d'expertise par un cabinet d'experts, sur cet établissement.J'ai été mandaté pour suivre cette expertise. Suite à cela, j'ai reçu des menaces de violences physiques et de sanctions disciplinaires par certains membres de la direction. J'ai été contraint et forcé de renoncer à poursuivre cette mission. Sur le plan professionnel, la direction n'a rien trouvé pour me sanctionner disciplinairement mais elle m'a sanctionné sur mon déroulement de carrière et financièrement avec la suppression et diminution de mes primes. La direction m'a fait comprendre que mon investissement syndical la dérangeait beaucoup. Mes encadrants et la direction de mon unité continuent à me chercher des histoires dans mon travail et me poussent à commettre une faute professionnelle. Malheureusement pour eux ils n'ont pas encore réussi à m'atteindre professionnellement. Tous les jours, je viens au travail avec la peur au ventre et surtout des pressions psychologiques et psychiques.Le 1/10/2014, ils ont fini par m'atteindre psychologiquement. J'étais sur mon lieu de travail, j'ai été agressé verbalement, insulté, humilié devant des collègues par ma responsable directe car je suis intervenu avec le CHSCT pour faire respecter les conditions de travail dans mon secteur. Lors de cette altercation verbale, j'ai fait un malaise avec chute et perte de connaissance. Les pompiers sont intervenus et ils m'ont emmené aux urgences de l'hôpital BICHAT. La direction a fait une fausse déclaration d'accident du travail avec des faux témoignages, en conséquence mon AT n'a pas été reconnu par la caisse de sécurité sociale. Un recours est en cours aujourd'hui. En octobre 2011, mon organisation syndicale et moi, nous avons porté plainte auprès du Procureur de la République. Cette affaire a été classée sans suite, aucune des personnes citées dans la plainte n'a été entendue par la police. En septembre 2012, mon organisation syndicale et moi, nous avons déposé plainte à nouveau auprès du doyen des juges d'instruction. A ce jour et malgré les relances nous n'avons aucune nouvelle de notre affaire.
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Une histoire parmi tant d’autres
Au début il y a nos origines. Pour ma part je suis issu d’une famille d’ouvriers, mon père était menuisier/charpentier à tendance « communiste » et ma mère couturière. Né près de Poitiers, les études secondaire ne pouvait se conduire qu’à Poitiers, d’où l’internat obligatoire pendant sept ans. Je voulais être architecte mais les finances de la famille ne le permettant pas, après une première année en DUT et un concours de technicien, en 1976, aux PTT, puis après une année à l’armé, j’ai débuté en 1978. Après une formation de six mois de technicien, j’ai été nommé dans le LOIRET.
Le technicien de l’époque qui en comptait 20.000 sur tout le territoire (moins de 5000 aujourd’hui)était « l’élite ». Qu’il soit aux transmissions, dans les autocommutateurs électromécanique, à l’expertise des installations, à la supervision, tout ce « monde » s’écoutait et se comprenait. Pour le comprendre, nous effectuions, à l’époque des astreintes, qui pour ma part représentait la moitié du département. Ses astreintes avaient lieu après les heures de travail habituel, c’est-à-dire au-delà des 40 heures. Si une intervention, à 2 heures du matin avait lieu, vous pouviez compter, dans toute la France à la réponse rapide (dans l’heure), de n’importe quel technicien du territoire. Si j’insiste sur le lien qui existait, c’est afin de mieux comprendre ce qui, par la suite, « a détruit » ce collectif. Je me rappelle, par exemple, les formations qui avaient lieu dans des IRET (Institut Régional d’Enseignement des Télécoms). Si le formateur ne donnait pas l’ensemble des dossiers présentés en cours ou toutes les informations nécessaires (Schémas, point de tests etc.), une grève s’établissait entre tous les stagiaires d’origine très diverses et de toute la France. Autre exemple, j’ai été amené à intervenir très tôt le matin, sur des alarmes. Des liens étaient interrompus entre le site de l’autocommutateur et Paris. Dès l’appel des techniciens des transmissions, un 1° diagnostique a été établi, dans l’heure qui a suivi, puis appel des techniciens de Paris par un réseau prioritaire. Aussitôt reçu, une réponse, une équipe se met au travail, ceci en pleine nuit ! Cette camaraderie et cette solidarité n’a jamais été démenti, me concernant, dans cette période 1979-1988.Puis vint l’époque du passage de l’électromécanique à l’électronique, c’est-à-dire une maintenance nécessitant une quinzaine de techniciens pour 20.000 lignes à moins d’une dizaine. J’ai donc postulé sur un poste de technicien spécialiste du réseau et de commutation au SERNIT (SERvice National Informatique des télécoms). Je suis donc parti sur Grenoble en 1989, où après une phase d’acquisition de compétences dans le domaine réseau X25 (Réseau Commuté), puis IP (Internet Protocole), j’ai établi les premières conventions entre les départements et l’équipe réseau dont j’avais la charge. Ceci permettant, budgétairement une prise en compte réelle entre les besoins et l’activité. Conventions qui ont été ensuite repris, d’une part par l’ensemble du SERNIT, puis étendus aux autres services.
C’est alors qu’il y a eu la reclassification. Alors que les fonctionnaires, c’est-à-dire la très grande majorité des travailleurs des PTT, appartenaient à un corps et un grade, ils devaient établir « une photo » de leur poste, de leurs missions et de leurs prérogatives en matière de conduite de projets, de « management » etc. Cette époque a été la première « cassure » car il fallait être au bon endroit, au bon moment.
Mais mon épouse ayant été victime d’agressions, je suis arrivé un matin, sur mon lieu de travail et j’ai déclaré, à mon responsable que, compte tenu du danger de mon lieu d’habitation (mon salaire ne me permettant pas d’habiter dans un quartier calme car j’étais sur Echirolles), « je démissionnais et quittais les PTT, devenu France Télécom en 1988 ». Voulant que je reste au SERNIT il m’a ensuite proposé, via le Chef de Centre (donc le Directeur de Site), proposé une mutation sur Bordeaux, ce que j’ai bien sûr accepté.
Je vais faire cours sur cette période où de Bordeaux/Pessac, l’équipe des techniciens du SERNIT, prenait également en charge les sites de Marseille et Montpellier. Equipe où j’ai été également appelé à mettre en oeuvre des unités réseau sur Lyon et Paris. D’où de très nombreux déplacements et des horaires atypiques (7h-23h) les jours de déplacements, c’est-à-dire toutes les semaines.
L’ère Michel BON,
Breton puis Lombart M. Michel Bon (1995-2002) est celui qui a côté en bourse France Télécom, ne l’oublions pas, puis M. Breton (2002-2005) est arrivé à la tête de France Télécom. A ce moment-là nous avons été très sollicité pour partir dans des lieux diverses, que ce soit pour tous les autres fonctions publiques, mais aussi pour reprendre diverses activités de magasins ou autres activités (bureau de tabac, charcuterie etc.). Notons que ceux qui ont été dans d’autres fonctions publiques, n’y sont restés que le temps où ils étaient payés par France Télécom et remplaçaient un fonctionnaire. Pour les autres qui ont fait du « essaimage », plus de 80% sont revenus à France Télécom. Notons également que nombres de services ont été supprimés et quand vous vouliez postuler dans une équipe « pérenne », bien qu’étant retenu, il m’est arrivé que celle-ci soit dissolu puis recréée un an après. Le collectif des techniciens et leur étique a donc été détruit par la reclassification et une succession de réorganisations.
Puis M. Lombart (2005-2010)a pris les commandes. Là il ne s’agissait plus d’ « inciter » au départ » mais de faire partir, par « tous les moyens, que ce soit par la porte ou la fenêtre » les travailleurs de France Télécom. C’est alors que j’ai eu un accident domestique en juin 2004. Pour France Télécom, comme il fallait faire des MOINS, celles et ceux qui étaient fonctionnaire et en arrêt de maladie depuis un an, bien que nécessitants des soins médicaux appropriés et prolongés et des demandes en Longue Maladie, se sont retrouvés en Disponibilité d’Office pour Maladie. D’après échanges d’informations avec la Mutuelle Générale se sont plusieurs milliers d’agents de France Télécom et de La poste qui sont concernés. A ce jour il y en a encore plus d’un millier qui se retrouve isolés, à la main d’une Commission de Réforme ou d’un Comité Médicale qui a oublié son code de déontologie, le serment d’Hippocrate et les lois et décrets en vigueur. C’est ainsi que j’ai repris le travail, contraint et forcé, malgré l’avis du médecin du travail, à plein temps alors que le ½ temps était demandé, fin juin 2007. Ceci a conduit à de nombreux arrêts : En 2007, 33 jours d’arrêt maladie ; En 2008,136 jours d’arrêt maladie, dont 135 consécutifs ; En 2009, 63 jours d’arrêt maladie consécutifs. Quand j’ai repris cette activité, en juin 2007, j’ai été nommé sur un poste de RQD (Responsable Qualité des Données) et le suivi des licences. Aucune formation n’a été dispensé, il n’y avait plus d’entretien annuel d’évaluation mais des EI (Entretien Individuel, 2 fois par an), tout un programme avec tous les risques RPS s’y attenant. Rappelons que ces EI sont parfaitement illicites à DSI France, devenu DSI au 1/07/2014, car il n’y a jamais eu d’information/consultation des CHSCT, bien que demandé en CHSCT de Bordeaux – La Rochelle.
Pendant la période septembre 2012 à novembre 2014, j‘ai été, à 90% de mon temps, en mission IRP (RS du CE, RSS DSIF, élu CHSCT Bordeaux – La Rochelle, Commission du SI), effectuant des déplacements presque chaque semaine.
Durant cette période la quantité et l’intensité du travail ont été nombreuses. D’une part au CE/ITRSI qui a eu lieu chaque mois sur Paris/Archives pendant 3 jours demandant de longues préparations sur des dossiers pointus et complexe de réorganisation constantes sur l’ensemble du périmètre (13.000 salariés répartis sur toute la France). D’autre part par le CHSCT de Bordeaux – La Rochelle où j’ai été confronté à une direction qui de déni en déni, d’entraves en entraves répétées, de pressions diverses, à même pris une décision discréminante me concernant, ce qui m’a conduit à déposer un dossier de harcèlement discriminatoire en avril 2014 auprès de la DRH de DSI France. Notons d’ailleurs que sur les 4 élus, 3 ont déposé des dossiers de harcèlement discriminatoire, le 4° a démissionné en mai 2013. Enfin, il faut remarquer les nombreux contacts avec la souffrance au travail dont 6 agents en grande souffrance sur La Rochelle (ce qui a demandé une expertise et 15 mois de travail), 1 agent en tentative de suicide, 1 agent qui a voulu porter atteinte à son intégrité physique pendant une Commission de Réforme.
Tout ceci m’a épuisé, mentalement et socialement, conduisant à une « dépressession aggravée » dû uniquement au travail et une demande de reconnaissance en Accident de Service. Egalement un DGI est en cours et une expertise effectué par Technologia.
Membre de l’Observatoire du Stress depuis 2012, celui-ci m’a apporté une vision totalement différente sur l’approche des conditions de travail. Que ce soit de l’organisation du travail, mais aussi cognitive de la Souffrance au Travail et la Violence au Travail qui en est la cause, dans une approche pluridisciplinaire de militants syndicaux, de médecins, psychologues, ergonomes etc. Ceci dans un partage et un respect mutuel, essayant de construire une vue réelle du présent pour « comprendre et agir » .
Les suicides 2014-2015 à Orange France Télécom :
Rappelons quelques passages des expertises Technologia 2010 et Secafi 2012:
Technologia2010
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Secafi 2012
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Différence
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bonne santé psychique 49%
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bonne santé psychique 60%
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+ 11
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santé psychique très altérée 10%
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25% sont en risque
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19% sont en risque
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-6
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problèmes de sommeil 34%
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constamment tendus ou stressés 45% | |
les salariés déclarent avoir été stressés ou très fatigués au cours des 12 derniers mois 40% directives contradictoires 41% 26% emportent du travail chez eux
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les répondants déclarent avoir un travail fatigant ou très fatigant 64% directives contradictoires 48%
37% emportent du travail chez eux
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+11
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Ce petit tableau m’interroge sur les raisons des suicides 2014-2015. En effet il y en a eu 21 en 2014 et 6 au 11/02/2015.
MGal.
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Je suis très touchée que des médecins, des politiques et des personnes référentes essaient de trouver une solution de reconnaissance concernant le burn out. Cette maladie m'est tombée dessus en décembre dernier. Je ne comprenais pas ce qui m'arrivait. J'ai toujours été quelqu'un de très professionnel, de très investi dans mon métier. Depuis environ un mois, je me rendais compte que je commençais à enchaîner des erreurs, pas importantes mais tout de même des erreurs.
Et puis un matin, plus rien. C'est à dire incapable de me lever, de réfléchir, de me concentrer. Je voulais seulement rester sous la couette, que tout s'arrête.
J'ai eu une bonne prise en charge de mon médecin généraliste même si le mot burn out lui pose problème car elle le trouve utilisé "à toutes les sauces". Elle a très rapidement mis en avant le besoin de temps pour se soigner, se reconstruire. J'ai abordé avec elle le suivi psychiatrique (J'ai du mal à donner ma confiance à un psychologue car il n'est pas médecin). Elle m'a donné son aval. Malheureusement, cette prise en charge à été catastrophique. J'allais chercher de l'aide pour m'aider à enrayer le burnout, à me redonner confiance en moi, à trouver des solutions de gestion de ce fichu stress. Et là, je me suis retrouvée face à quelqu'un aux propos très provocateurs et à devoir me poser des questions sur ma vie sentimentale ! Quand j'ai osé expliquer que ce n'était pas ma démarche, le psychiatre à arrêté le suivi ! J'ai eu un peu de mal à encaisser ce nouvel échec mais maintenant ça y est, je cherche un ou une nouvelle psychiatre. J'espère que tout va aller de mieux en mieux désormais. Il faut du temps pour se remettre de cette maladie qui est une maladie professionnelle. Je m'occupe de personnes en situation de handicap devant se reclasser professionnellement. C'est un métier très intense émotionnellement même si je sais me protéger. Ce métier demande beaucoup de professionnalisme puisqu'il s'agit d'aider des êtres humains. Le métier a beaucoup évolué et la tâche de travail s'alourdit de jour en jour quand les budgets eux diminuent tout autant. Alors oui, il faut faire quelque chose et je vais aller aux états généraux.
Les questions qui m'importent sont assez généralistes :
- Par quelles étapes doit-on passer pour que cette maladie soit reconnue maladie professionnelle ?
- Où en est-on aujourd'hui de la procédure (si elle existe bien sûr) ? - Quel chemin nous reste t'il à parcourir ? - Dans quelle mesure, nous, patients, pouvons nous aider ? Que pouvons-nous faire à notre niveau ? Je vous remercie d'avoir lu ce message et vous présente mes sincères salutations. C. S.
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Je suis ingénieur de recherche à l'INRA et j'ai été victime d'un burn-out il y a deux ans. Depuis je communique sur cette question auprès de mes collègues car je constate que je ne suis pas un cas isolé mais que nombre de mes collègues sont aussi concernés par l'épuisement professionnel. Le monde de la recherche n'est pas à l'abri des risques psycho-sociaux et j'ai le sentiment que ce phénomène prend de l'ampleur. Je vous joins une note que j'avais préparé en octobre 2014 à l'attention de ma hiérarchie pour vous situer le contexte dans le milieu de la recherche.Note préparatoire à un entretien collectif sur la thématique du syndrome d'épuisement professionnel organisé lors de la visite du chef de département Environnement et Agronomie de l’INRA à l’unité InfoSol (INRA Val de Loire) le 17 octobre 2014. C. J. (Ingénieur de recherche)
Depuis plusieurs mois, nous constatons une augmentation du nombre de collègues ou de collaborateurs touchés par le syndrome d'épuisement professionnel, pouvant aller jusqu’au burn-out.
Au-delà de la peine et de l’inquiétude que suscitent ces accidents de parcours, nous souhaitons attirer l'attention du département sur ce problème et débattre collectivement des solutions que nous pourrions mettre en oeuvre pour enrayer ce processus. Quelle vision le département a-t-il de la question de l'épuisement professionnel ? Ce phénomène est-ilen progression au sein du département, de l'INRA ? Cela touche-t-il des catégories particulières de personnel (corps, fonctions, types d'unités) ? Existe-t-il des "statistiques" consultables sur la question ?
Nous savons que l'INRA est conscient du problème. Que l'institut s'est largement investi dans la prévention en communiquant sur la question (cf. plaquette sur les RPS [https://intranet6.inra.fr/rh/Reperes/Les-risques-psychosociaux]), en proposant des formations et des actions de sensibilisation, et en développant un outil de d'évaluation des RPS pour lequel Infosol a été unité pilote au niveau du Centre. Mais la finalisation et le déploiement de cet outil prendra du temps.
Comment prévenir les risques plus rapidement ?
De nombreux travaux portant sur la question du mal être au travail et de l'épuisement professionnel montrent que le niveau organisationnel est un facteur majeur de la survenue de ces pathologies.L’idéologie managériale développée dans les entreprises privées, appliquée aux services publics dont la recherche, place les travailleurs en situation de responsabilité et d’autonomie. L’introduction des notions de rentabilité, d’efficacité, de performance, d’excellence, l’évaluation quantitative et individuelle, conduisent des agents responsabilisés, autonomes et engagés dans leurs missions à se sur-engager dans le travail jusqu’à développer un syndrome d'épuisement professionnel. Pourquoi ces éléments organisationnels mis en cause ne sont-ils pas repris dans les outils de prévention développés par l'INRA ? Pourquoi la reconnaissance du travail collectif ne prime-t-elle pas sur la reconnaissance individuelle ? Pourquoi nous impose-t-on des évaluations fondées sur des critères quantitatifs (par exemple le nombre de publications annuelles de l’unité, le sacro-saint facteur H, le paradigme du « publish or perish ») alors que c’est la qualité des travaux menés, l’adéquation de ces travaux aux questions posées par la société, l’originalité ou la nouveauté des travaux réalisés qui devraient être évalués ?
Le financement de la recherche est aujourd'hui remis en cause par une conjoncture défavorable. Le soutien d'état aux unités est réduit à sa portion congrue. Les budgets de financement de la recherche sur contrat permettent de financer moins de 10% des projets déposés (AAP 2014 de l'ANR). L'application de la RGPP conduit au non remplacement d'un fonctionnaire sur deux. De nombreuses activités récurrentes sont réalisées par du personnel en situation précaire (MOO, CDD, post-doc). Et pourtant, face à cette situation, le mot d'ordre reste le même : il faut faire toujours plus, aller toujours plus vite, s'adapter sans cesse à la situation et exceller dans un monde où la compétition internationale est présentée comme un bienfait. Dans ces conditions contraintes, l'édifice de la recherche publique tient en grande partie grâce à la bonne volonté, l'engagement et l'organisation collective de tous ses acteurs (des agents aux directeurs de recherche). Si certains piliers commencent à se fissurer des suites de l'épuisement professionnel, combien de temps l'édifice résistera-t-il ? N'est-il pas urgent de regarder la réalité en face afin de réajuster nos ambitions à la hauteur de nos moyens ?
Quelle analyse le département fait-il de cette situation ? Comment peut-il s'emparer ou porter plus largement ces réflexions ? Quelles actions collectives peut-on imaginer à court et moyen termes ?
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Lettre ouverte aux participants des ateliers de la prévention du suicide du 17 octobre 2013
Mesdames, Messieurs,
Nous sommes désolés, nous ne serons pas présents le 17 octobre 2013 à Lilles pour les ateliers de la prévention du suicide. La distance et les couts nous ont fait prendre cette décision ( à moins que vous ayez envisagé une enveloppe budgétaire pour frais de déplacement et d'hébergement).
D'autre part les actions que nous sommes en train de réaliser nous prennent beaucoup de temps et d'argent car comme nous l'avons dit et écrit nous sommes seuls sans aucun relais .......
Notre courrier intitulé appel aux 44 et notre présence lors du colloque du 4 février 2013 sont restés "lettre morte"; C'est comme si nous étions transparents.
Certes nous souhaitons être acteurs dans votre démarche de prévention du suicide et nous émettons de nouveau l'espoir que les cris de souffrance et d'alerte soient entendus , qu'il y ait des actions concrètes, pratiques de soutien de la part de relais d'opinion pour faire en sorte que l'observatoire ne soit pas qu'un lieu d'observation mais un lieu d'action.
Pour nous le suicide en entreprise a une variable prépondérante : c'est le combat ,la lutte , l'affrontement , la confrontation d'un seul être humain confronté à un système, un être humain qui est seul, complètement isolé. L'individu est abandonné, marginalisé devant une problématique qu'il ne pense pas pouvoir résoudre. Toutes les actions qu'il entreprend ne se traduisent que par des échecs. Il est condamné et sa seule échappatoire est son auto exécution.
Pour notre fils ce fut le cas, pour nous c'est le cas. Nous sommes seuls , abandonnés devant une organisation intergouvernementale extrêmement puissante qui se nomme l'ESA ( agence spatiale européenne).
Nous avions l'espoir en nous adressant à l'observatoire du suicide , à l'appel aux 44, nous avions l'espoir d'être lus, entendus et de rencontrer quelques uns qui soient en phase avec leurs propres idées
Sommes-nous dans l'illusion ?
Nous émettons de nouveau l'espoir que nos cris de souffrance et d'alerte soient entendus et qu'il y ait des actions concrètes, pratiques de soutien de la part de relais d'opinion pour faire en sorte que l'observatoire ne soit pas qu'un lieu d'observation.
Nous rejoignons en cela Mr Raphaêl Louvradoux . il faut que les individus responsables de ce geste d'auto exécution à l'intérieur des entreprises soient sanctionnés.
A la prévention nous disons oui,
au soutien pour les "prétendants" au suicide nous disons oui,
à la détection des individus et des éléments pathogènes ( systèmes) dans l'entreprise nous disons oui.
Nous demandons que l'aspect sanction ne soit pas minimisé, balayé. La loi doit évoluer vers une sanction des responsables de ce geste qu'est le suicide qui détruit la personne mais également son entourage parents et amis.
Sans cette sanction nous serons toujours dans le flou: " c'est de la faute à personne, c'est le système ". condamner une entité juridique ( l'entreprise) c'est certes une avancée mais aux yeux de tout un chacun cela ne vaut rien dire, la responsabilité se dilue.
La sanction verrouille le futur c'est en ce sens qu' elle est préventive. Il nous parait indispensable de disséquer les systèmes, de les sanctionner et de les modifier.
Dans les systèmes il y a des individus et certains de ces individus sont des meurtriers en puissance.
La responsabilité des individus qui provoquent le suicide se nomme Homicide.
Dans nos moments de découragement, nous nous posons la question:" ça sert à quoi tout cela ?"
Osons espérer que ces quelques lignes recevront un écho, osons espérer,osons........
A diffuser sans retenue
Merci
D. et D. K.