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Pour l'un de ses proches collaborateurs :

Un Socialiste, un Honnête Homme

"La seule coquetterie de Paul Ramadier, disait Guy Mollet, était de paraître plus âgé qu'il ne l'était".

Et pourtant, Paul Ramadier n'était pas ce vieux personnage, tel qu'il apparaissait habituellement à l'opinion publique. Ses qualités intellectuelles étaient celles de la jeunesse ; curiosité d'esprit, indépendance de jugement, hostilité à toutes les contraintes se mêlaient à un refus hautain de l'injustice, de la bassesse, de la médiocrité. A tout cela il ajoutait l'expérience d'une vie pleinement remplie de dévouement à son idéal et de fidélité à ses principes.
Il parlait avec modération, mais fermeté en propos d’exhortation à la sagesse et à la clairvoyance. Ne pas nous laisser aveugler, ne pas nous laisser emporter.
Avec sa bonhomie qui excluait pourtant toute familiarité, il recevait avec plaisir nos camarades. Sa porte leur était toujours ouverte. Quel que soit son interlocuteur, il l'écoutait avec patience, cherchant à saisir sa pensée profonde. Jamais une réflexion maladroite ou naïve ne le fit sourire. Il réservait son dédain et ses moqueries pour les grands lorsqu'ils étaient prétentieux. Alors, la tendresse lui faisait défaut.
Ancien étudiant socialiste, il attachait une grande importance au développement du mouvement étudiant. Aux appels des E.S. de Toulouse, il répondait sans hésitation. Fallait-il faire une conférence ? Il se déplaçait. Fallait-il un article de fond pour une revue ou un petit journal ? L'article était là, le jour promis.
Il avait du mouvement J.S. et des E.S. en particulier, le sentiment qu'ils devaient être une école de pensée. De pensée libre, sans contrainte d'aucune sorte. Son souci permanent était de ne jamais contraindre autrui, l'obliger à la réflexion avant de faire un choix.
Ce souci de professeur, d'éducateur, on le retrouvait lorsqu'il était ministre. Ses cabinets ministériels avaient la plus faible moyenne d'âge. Il s'entourait d'esprits jeunes et voulait associer à son œuvre de jeunes équipes pour qu'elles acquièrent expérience et connaissances.
On retrouvait cette préoccupation dans son souci de préparer l'avenir des jeunes pays d'Afrique. Parmi ses collaborateurs, il y avait presque toujours un homme d'Afrique du Nord ou d'Afrique Noire.
Paul Ramadier resta jusqu'à sa mort un homme jeune que ni les responsabilités, ni les années, ne réussirent à briser. Il nous laisse un héritage que nous n'avons pas le droit de dilapider : sa vie exemplaire, son humanisme, sa croyance en la perfectibilité infinie des hommes et son refus de la médiocrité.
Guy MARTY

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